Témoignage "Mon parcours rythmé par mon cœur, mes envies, mon instinct..." par Diana Portela

Moi c'est Diana, ingénieure pédagogique et conceptrice digital learning pour des organisations à impact ! Et si cela me semble évident aujourd'hui, j'ai mis longtemps à réaliser que je voulais m'engager. Dans mon cas, pas de déclic, mais tout un parcours.

En primaire et au collège, je constatais timidement des différences de privilèges, sans réussir à mettre des mots dessus, et puis sans être prise au sérieux par mon entourage ! Au fond, je rêvais juste d'un monde qui m'offrirait un avenir. Pas un avenir tout tracé imposé par ma condition : dans mon cas devenir femme de ménage, me marier avec un homme, de préférence de la même nationalité, et avoir des enfants.

Mon plus lointain souvenir engagé, c'est un travail rendu au collège : je ne me souviens plus de la consigne, mais je sais que j'ai rendu une plaquette de pilule taguée de nombreux messages pour l'égalité femmes-hommes. Ça annonce un peu la suite !

En grandissant, j'ai trouvé du réconfort dans l'art. Une façon de voir le monde dans les yeux d'autres personnes, et d'avoir un prétexte pour ressentir les choses et m'exprimer. D'ailleurs, je vais dès mes 18 ans m'insérer dans le monde de la culture. D'abord par du bénévolat au Festival Muzz' en Fêtes, à la Biennale de la Danse, au Festival Acordanse de Maison de la Danse de Lyon, au Festival Lumière, ect. Le dernier, j'y suis allée pour le Prix Lumière 2016 remis à Pedro Almodovar, et je suis restée bénévole 3 ans jusqu'à réussir à me faire une place à la cérémonie de Remise du prix Lumière dans l'accueil du public.

Cet amour de la culture ne s'arrêtera pas là, puisque j'ai lancé différents projets afin de démocratiser les arts plastiques :
- myEXPO, un jeu de piste artistique dans les rues de Lyon afin de démocratiser les arts plastiques et de valoriser un quartier qui s’est construit au gré des vagues successives d’immigration ; 
- Emergence, des afterworks pour faire la promotion de la culture émergente sur la scène lyonnaise, qui réunirons au total plus de 400 personnes et mettra en lumière une quinzaine d’artistes locaux ;
- Et enfin Capsule d'Artiste, l’unique coffret de street-art en France. Une expérience extraordinaire qui m'a permis d'exprimer librement ma vision engagée de l'art. Cette vision a parlé à de nombreuses personnes, les capsuladdicts (comme iels aimaient s’appeler) ont achetés plus de +500 coffrets d’artistes dans toute la France, j'ai collaboré avec des artistes à la renommée internationale, gagné plusieurs prix et été publié dans la presse.

Néanmoins, un événement que nous avons tou·te·s vécu·e·s est venu mettre un stop à cette aventure : le covid-19. Pour être honnête, la pandémie n’a pas été l’unique raison de la fin de Capsule d’Artiste… Après 3 ans d’aventures, mes envies et besoins ont évolué : l'élitisme du monde de l'art, la nécessité de faire entrer des investisseur.se.s, la difficulté à préserver ma vie personnelle dans ce secteur où pro et perso sont souvent confondus...

À ce stade de ma vie, toujours pas de déclic, aucune conscientisation que je participe et crée des projets engagés. Je suis juste mon cœur, mes envies, mon instinct...

En parallèle de toutes ces aventures, je suis pourtant engagée dans la lutte féministe, ou autrement dit l'égalité femmes-hommes. Étant moi-même une femme, et vivant directement les conséquences du système patriarcal. N'ayant pas grand monde à qui en parler, je participe à un événement de l'association Stop Harcèlement de Rue, et je me suis directement engagée bénévolement, d'abord en tant que Responsable événementiel, puis plus tard en tant que Référente d'antenne. Une accusation d'agression sexuelle par une membre au sein de l'association, et la difficulté à gérer cette situation par l'association elle-même, me fera sortir du monde associatif.

Au-delà du bénévolat et des projets, je suis confrontée à de nombreuses causes qui m'alertent et me révoltent parce que je suis moi-même concernée, ou que des proches sont concerné·e·s : lgbtqia+, handicap, santé mentale, discriminations, ruralité, niveaux de richesse... Et malgré mes engagements personnels, je n'arrive pas à faire le lien avec le professionnel, et encore moins avec le monde de l'éducation dans lequel je travaille.

Fatiguée par tout ce que j'ai vécu, et ayant envie de faire une pause avec les projets en entrepreneuriat, je me lance dans un projet plus personnel : je deviens nomade ! Je quitte mon logement avec un sac à dos de 40 litres sur le dos et 2 cartons chez des proches. Je démarre ce voyage lent vers le Portugal, afin de revoir ma famille avec qui j’ai été séparée pendant un an. Nazaré, Lisbonne, Coimbra, Palerme, Catane, Nancy, Nuremberg, Leipzig, Berlin, Bruxelles, Athènes, Budapest, Zagreb… et j'en passe ! Une aventure que j'imaginais durer 1 an aura duré presque 3 ans !

En parallèle, je décide de me lancer petit à petit à mon compte en tant que consultante pédagogique et conceptrice digital learning. Je suis la formation Ingénieur·e responsable pédagogique d’OpenClassrooms afin d’ancrer mes savoirs appris en autodidacte. Et à la fin de cette formation, on a un accompagnement d'un coach qui nous aide dans notre recherche d'emploi, sauf qu'à ce moment-là, je ne sais pas vraiment ce que je veux faire... Oui, ça peut paraître fou, mais dans ma tête, je ne suis pas quelqu'un d'engagé, je ne m'imagine pas travailler pour des associations ou que ce soit de ce type ! Cela te montre à quel point mon coach a été superbe pour enfin réussir à me faire connecter éducation et engagement !

L'accompagnement de ce coach, et mon nouveau mode de vie accélère les réflexions sur mon travail : Pourquoi est-ce que j’aime autant transmettre ? Qu’est-ce qui m’anime particulièrement dans la formation ? Quel est le fil rouge entre toutes mes aventures ? La réponse est assez simple finalement : la pédagogie est l’outil le plus puissant que je connaisse pour changer notre monde ! 

Je décide ainsi de recentrer mon activité vers les organisations à impact. Et ça marche, car je travaille pour diverses associations sur des sujets engagés dans le socio-environnemental ! Entre temps, je remporte le prix « Innovation et créativité” du Hacking EDplanning 2022 par l’IIPE-UNESCO et Latitudes, une confirmation pour poursuivre mes efforts vers cette voie. Depuis, je continue de me former sur les sujets de la sobriété, de l’accessibilité, de la féminisation du numérique…

Peu de temps après, je me lance bénévolement dans l’organisation d’un événement ambitieux : un Educkathon Solidaire ! Avec une quarantaine d’ingénieur·e·s pédagogiques réunis pendant 24h on aide 6 projets à impact qui souhaitent mettre en place ou améliorer une solution pédagogique. Cette aventure est un déclic ! Elle me donne le courage de lancer mon podcast Pédagogues engagé·e·s pour mettre les pédagogues en mouvement.

Toutes ces aventures et réflexions, je les partage sur LinkedIn, ce qui me permet de constituer une communauté qui me suivra dans toutes mes idées folles ! Oui, je dis bien toutes mes idées folles, car pour l'instant, je dois plutôt calmer l'engouement sur tout ce qu'on pourrait accomplir ensemble !

Ces idées sur l'éducation, je les rassemble sous l'appellation Ed For Good, avec un objectif : réinventer ensemble la pédagogie de demain ! Pour connaître la suite, il faudra suivre Ed For Good parce que là, ce n'est plus que mon histoire, mais celle de centaines de pédagogues !